Jean-Paul Lacomble a vécu son dernier match en tant que président du RFC Liège : “Tout ce que nous avions promis il y a 13 ans a été respecté”
En 2011, l’avocat liégeois avait repris le club pour le redresser. Il évoque le travail accompli avec brio et le futur.
- Publié le 23-04-2024 à 14h01
Si vendredi soir le RFC Liège a disputé sa dernière rencontre de la saison, Jean-Paul Lacomble a, lui aussi, vécu ses 90 dernières minutes en tant que président du RFC Liège. Il y a quelques mois, l’avocat a vendu le club à des investisseurs américains afin de donner au Matricule 4 toutes les armes pour poursuivre son renouveau, pouvoir se stabiliser dans le football professionnel et rejoindre, à moyen terme, la Jupiler Pro League. Il quittera ses fonctions actuelles en juin. Sur son costaud CV, le Liégeois pourra ajouter treize années de travail intense pour remettre l’Old Club sur le droit chemin et le ramener dans le monde du football professionnel. Mis à l’honneur par les milliers de fans sang et marine qui ont scandé son nom pendant et après le match face aux jeunes de Genk pour le remercier, il nous a accordé une interview.
Président, quels sentiments avez-vous après avoir vécu votre dernier match dans vos fonctions ?
“Ils sont partagés. Il y a celui du devoir accompli, car nous avons bien travaillé pendant 13 ans. Les supporters le pensent également. Sans eux, il n’y a pas de club et c’est pour eux que nous l’avons fait. Ils sont exigeants, mais les voir reconnaissants a un côté émouvant, même si le travail n’est pas que le mien mais celui de toute une équipe. Mais il y a un peu de tristesse que notre saison s’achève déjà car nous méritions de continuer un peu. Enfin, il y a le sens des responsabilités, car la vie du club ne s’arrête pas et il reste des choses à faire. Nous avons prouvé que nous avons notre place chez les pros et nous avons apporté quelque chose à cette Challenger Pro League, en termes de jeu, de fraîcheur et de joueurs. Nous devons construire là-dessus et écrire de belles pages dans le livre. ”
Nous avons apporté quelque chose à cette Challenger Pro League.
Vous aussi vous avez encore du travail au Matricule 4 avec le dossier stade sur lequel vous travaillez…
“Ce projet doit nous permettre d’évoluer vers la D1A, mais aussi d’acquérir l’instrument économique qui permet ensuite de porter le club. Nous sommes très contents de notre petit stade anglais avec une ambiance exceptionnelle, mais n’oublions pas que les sièges VIP sont des chaises en plastique sur une terrasse, où l’on s’assied après avoir mangé dans un chapiteau. Ce n’est pas avec ce matériel que nous allons battre tous les records de partenariat. Il est évident que le stade est la prochaine étape pour avoir les revenus économiques qui pourront porter le club. ”
Où en est-on dans ce projet ?
“Nous y travaillons avec une réflexion ouverte. L’un des avantages des partenaires américains est que nous réfléchissons à des choses un peu différentes, comme construire le stade à son emplacement actuel, mais peut-être pas de la manière qui avait été envisagée. Il y a des idées et une volonté, mais il est encore trop tôt pour en parler. Sans moquerie, il y a peu de clubs liégeois qui ont performé cette saison et le Football Club Liégeois est l’un des endroits où l’on s’amuse. Il y a une dynamique qui fait que c’est le moment de nous aider et, inversement, de donner l’envie d’être aidé. ”
Les infrastructures sont devenues la priorité.
Qu’en est-il des délais ?
“C’est toujours compliqué de parler de cela… Nous en avions parlé en 2017-2018, sans savoir qu’il y aurait le Covid. Nous allons avancer à notre rythme, mais nous savons qu’il faut une licence D1A pour pouvoir jouer le tour final, ce qui implique d’avoir un stade. Pour la saison prochaine, nous en avions trouvé un qui n’est pas le nôtre. Dire qu’il y en aura un à Rocourt en 2025 est un peu rapide, mais nous savons que, promptement, il le faudra pour ne pas entraver la progression sportive. Dire que l’on peut construire une équipe montante et un stade simultanément serait un mensonge, mais il serait désagréable de pouvoir monter au niveau sportif et d’être bloqué à cause des infrastructures. Ces dernières sont devenues la priorité, même si notre petit stade ne nous a jamais empêchés de monter ces dernières années, grâce à divers travaux. Mais ce petit stade a atteint ses limites. Accrochons-nous à une dynamique plutôt qu’à une date. ”
La plus grande fierté du président Lacomble est-elle ce retour dans le monde pro, dans un stade à Rocourt ?
“J’ai revu il y a quelques semaines des diapositives que nous avions présentées à l’assemblée des supporters en juin 2011 au moment de la reprise du club. Tout le plan a été respecté. C’est une fierté. Nous sommes revenus à Rocourt en triplant le nombre d’abonnés, c’est structurant. Au niveau sportif, nous avons retrouvé une division professionnelle. Pour les jeunes, nous sommes retournés à Wihogne, l’un des berceaux du club et avons reconstruit une école des jeunes avec plusieurs centaines d’enfants et adolescents. Tout cela en faisant sortir quelques jeunes comme Romain Matthys, Jordan Bustin ou encore Abian Arslan. Nous ne tournons donc pas à vide. La principale satisfaction est de se dire qu’il n’y a pas un point que nous avions promis qui n’a pas été tenu. ”
Vous n’avez pas encore évoqué votre succession… À qui allez-vous passer le brassard au moment de votre sortie ?
“L’actionnaire majoritaire pourra répondre mieux que moi. Il reste encore quelques semaines, car même si la saison sportive est terminée, nous avons encore du travail. Nous devons notamment discuter du budget pour le prochain championnat. Il s’agit d’un processus que je vais accompagner. Par ailleurs, je resterai également administrateur du club, même si je ne serai plus président. ”